Abstract: Les relations franco-polonaises sont un bon indicateur de l’état du système européen : en ce sens, la politique d’indépendance de la Pologne, en plus de la légitimité que lui confère sa pleine souveraineté nationale, est aussi une réaction à la perte de puissance de la France. Les dirigeants français, nombreux à se succéder durant la IIIe République, ont eu des visions diférentes de la politique à adopter à l’égard de la Pologne. Tous s’accordent cependant sur deux points : ce pays est un interlocuteur indispensable de la politique de sécurité française, mais il outrepasse son rôle lorsqu’il prétend prendre part aux négociations décisives entre grandes puissances. Dès lors, l’intimité que la France lui refuse, c’est auprès de l’Allemagne que le colonel Beck va la chercher. À plusieurs reprises durant les années 1930, le gouvernement polonais tente de participer à un éventuel directoire européen dont elle paraît de plus en plus incapable de prévenir le fait accompli. De la crise de Munich, résulte, au début de l’année 1939, la tentation très réelle du Quai d’Orsay et de l’étatmajor de dénoncer unilatéralement ce que l’on a appelé l’alliance polonaise.